Alors que la guerre était depuis longtemps perdue, jusqu’en mai 1944, des transports ont été acheminés de l’ouest vers Kaunas. Les dernières nouvelles parvenues des prisonniers enfermés dans les caves de la forteresse en témoignent. Nous sommes neuf cent Français, écrit Jacobson, qui a relevé ce graffiti sur la paroi de chaux blanche du bunker. D’autres gravaient juste une date ou un lieu avec leur nom: Lob, Marcel, de Saint-Nazaire; Wechsler, Adam, de Limoges; Max Stern, Paris, 18.5.1944. Assis au bord des douves de la forteresse de Breendonk, j’ai achevé la lecture du quinzième chapitre de Heshel’s Kingdom, puis j’ai repris mon chemin pour Malines, où je suis arrivé à la tombée de la nuit.
En ce jour anniversaire je relis les dernières lignes d’Austerlitz. Comme l’indique l’éditeur dans une note, la date
18.5.1944
fait à la fois référence au dernier convoi parti de Drancy avec 878 juifs pour Kaunas, et à la naissance de l’auteur, qui s’y introduit ainsi (dans ces lignes, dans ce convoi, dans ce fort) comme un fantôme
Max Stern
au crépuscule, quelques semaines avant sa propre mort.