Une chambre à soi (2): cahiers bleus

11 avril 2011

Alix Cléo Roubaud, Journal

Que nous soyons la chambre noire l’un de l’autre

(don’t wake up

don’t look now)!!!

ne regarde pas ce moi nocturne qui écrit à la faveur de ton sommeil détourne le regard tu ne sais pas de quoi il s’agit cette pure phobie de l’irruption dans ma nuit à moi

cet espace à moi ce temps à moi,    seule en         fin,

face à ma fin,

par exemple.

(premier cahier bleu, entrée du 9.II.1980, Le Seuil, 2009, p.32)

Franz Kafka, Cahiers bleus in-octavo

Une fois, un cercueil avec un corps dedans est resté chez nous toute une nuit à cause d’une erreur. Le jour de l’enterrement avait été faussement

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Une fois, un cercueil avec un corps dedans est resté chez nous toute une nuit – je ne me souviens plus de la raison. Pour nous, enfants de fossoyeurs, les cercueils n’avaient rien d’exceptionnel ; lorsque nous allions nous coucher, nous ne pensions pas sans arrêt au fait qu’il y avait un corps dans la même pièce.

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Une nuit, je me réveillai et trouvai un cercueil ouvert au milieu de la pièce. De mon lit je pouvais voir qu’il y avait quelqu’un dedans, un vieil homme avec une longue barbe bifide

( Rivages, p.152,  traduit par Pierre Deshusses)

Photographies : Alix Cléo Roubaud, Si quelque chose noir